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Un mort aux Bermudes !

Photo du rédacteur: Jérôme DelireJérôme Delire

Dernière mise à jour : 17 avr. 2021



L'archipel des Bermudes doit son nom au navigateur espagnol Juan de Bermúdez qui le découvrit en 1515. Des Anglais y établirent des bases dès 1609 à la suite d'un naufrage, et fondèrent la première capitale, Saint George, en 1612.



Les premiers esclaves furent amenés d'Afrique en 1616 et la colonisation anglaise officialisée en 1684.


Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Bermudes devinrent une importante base militaire du fait de leur position dans l'océan Atlantique. En 1940, les États-Unis passèrent un accord avec le Royaume-Uni (le Destroyer Deal). En échange de la cession de destroyers américains, les Britanniques concédaient aux Américains, pour une durée de 99 ans, une cinquantaine de bases dans la Caraïbe.


Ce qui caractérise les Bermudes est avant tout son climat particulier. Les Bermudes bénéficient d’un climat équatorial, rarissime à cette latitude (32-33°N). L’archipel se situe à environ 3 500 km au Nord de l’équateur mais baigne dans le courant chaud océanique du Gulf Stream, ce qui explique que Les Bermudes baignent dans un climat doux avec des extrêmes peu marqués. Pendant l'hiver, la température moyenne minimale est 18 °C en janvier. Pendant l'été, la température moyenne maximale en août est 27 °C. Cependant, l’archipel se trouve sur la trajectoire des cyclones et en font un lieu redoutable lorsque les conditions se dégradent.


Lorsqu’on arrive devant l’entrée du lagon de Saint George, la couleur de l’eau frappe instantanément ! On passe du bleu profond de l’Océan au bleu turquoise caraïbéen. Encore à bonne distance, on prend contact par radio avec les douaniers, afin qu’ils nous autorisent à entrer dans le lagon. Gare à ceux qui ne respectent pas la procédure ! Après un échange d’une vingtaine de minutes, un échange long et minutieux de la part des autorités, nous avons enfin l’autorisation d’entrer.


C’est fabuleux. Le goulot est minuscule. A croire que les paquebots de croisière empruntent un autre chemin tellement c’est étroit !


Passé le petit club sur la droite du lagon en entrant, la zone de mouillage se définit clairement et la couleur de l’eau ébloui. Lorsque le soleil est au zénith, les couleurs font tourner la tête ! L’eau, la végétation, les habitations colorées, … Splendide.






Bon. Je ne vois pas le ponton des Douanes. Morbleu. Mais où se cache-t-il donc ?!

La reprise de contact avec la radio n’est pas nécessaire, les autorités anticipent au moment où nous restons en stationnaire :


« Par ici, sur votre droite ! Voyez le bâtiment blanc avec les petites fenêtres, c’est là ! On vous attend !»


Caroline ne manquant pas de répondre dans un ton décontracté,


« Merci à vous ! ‘scusez ! On est un peu fatigué ! »


L’histoire est simple, ce stop aux Bermudes n’était pas du tout prémédité. Nous étions en provenance de New-York, avec un trimaran dont l’écran du pilote automatique nous avait lâché 350 miles plus à l’Ouest. Sans pilote, à deux, les Açores nous semblaient encore bien loin ! Usés d’avoir dû barrer dans des conditions musclées, l’escale aux Bermudes nous paraissait subitement évidente.

C’est pourquoi nous avions contacté le propriétaire du bateau pour qu’il nous envoie un écran de pilote en extrême urgence à Saint George… Chose faite ! Puisque l’écran arriva le lendemain de notre arrivée. Magique les communications par satellite !


Au moment de l’accostage, un douanier de deux mètres de haut nous accueille avec un large sourire aux lèvres :


« Bienvenue aux Bermudes ! Quand vous êtes prêts, venez me rejoindre dans le petit bureau juste sur votre gauche. »

« Merci ‘msieur ! On arrive dans un instant. »






Le temps de frapper la dernière amarre et de prendre nos documents, nous entrons dans un petit couloir, entièrement grillagé. Les barreaux épais sont noirs encre, seule une petite ouverture permet de glisser nos documents à notre interlocuteur. A l’intérieur, cinq petits bureaux métalliques, un ordinateur triomphe pour dix personnes, une poubelle à papier vide, et une imprimante - photocopieuse des années disco érigée, presque fièrement, au centre de la pièce. La climatisation fonctionne à merveille, une chance sous cette chaleur écrasante !


« Bonjour, bienvenue aux Bermudes ! Papiers s’il vous plaît ! »

« Bonjour, Voilààà ! »


Quatre agents se tiennent sans un mot derrière leurs bureaux respectifs, visiblement concentrés sur leurs documents. Deux autres se tiennent dans un couloir adjacent, manifestement en pause, un café à la main, chuchotant afin de ne pas déranger leurs collègues. Quelques tampons frappent violemment le bureau métallique de temps à autre et en face de nous, se tient notre homme. Je dis notre homme, car le gaillard fait bien deux mètres de haut. Tout en muscle. L’archétype d’un douanier de série policière américaine, avec un visage ne témoignant aucune faiblesse. Soigné, son uniforme impeccable, le genre de type qui inspire de suite toute forme de respect.

Puis, au fur et à mesure des documents transmis, son visage change.

Ses traits laissent entrevoir une certaine sympathie, tentant de comprendre au mieux la situation qu’il a sous les yeux…


« Donc. Je résume la situation. Vous êtes Belges ? »

« Oui. »

« Vous venez de New York ? »

« Oui. »

« Avec un bateau qui n’est pas le vôtre ? »

« Non. »

« C’est un bateau qui était précédemment immatriculé à Dubaï ? »

« Oui. »

« Et vous allez aux Açores ? »

« Oui monsieur. »

« Et vous comptez rester combien de temps à Saint George ? »

« Je ne sais pas ‘msieur. Dépendant de la pièce détachée que nous attendons. Deux jours tout au plus.»

« Et vous venez aux Bermudes pour deux jours ? »

« Ben, c’est-à-dire qu’on a pas trop le temps de visiter quoi. Je dois être de retour en Belgique dans 13 jours et puis je m’envole de suite après pour l’Espagne. »

67 questions plus tard, le douanier continua la procédure et posa la question ;


« Quelqu’un est-il mort à bord du bateau ? »

Caroline, lasse de toutes ces questions, sous ses traits fatigués, répond immédiatement sans hésitation : « Oui ! »

A ce moment précis, le regard du douanier se fige, ses collègues se retournent vers nous, et Caroline enchaîne :

« Oui ! George. Il est mort ce con ! C’est notre pilote automatique ! C’est à cause de lui qu’on vient vous voir ! »


A ce moment, une multitude de rires profonds se dégagent du petit bureau, le type en face de nous effondré sur son comptoir, explosant un rire à gorge déployée, un des douaniers du couloir avale son café de travers, et l’atmosphère est instantanément détendue !

Presque immédiatement, le type finit par ouvrir la porte de son comptoir, vient à nos côtés encore souriant et place sa main énorme sur mon épaule, le sourire aux lèvres et les yeux rougeoyants :


« Elle est bien ta femme ! Je l’aime bien moi ! »

- il se retourne vers ses collègues en haussant la voix –

« je l’aime bien moi cette nana ! »


Il finit par nous indiquer tous ses bons plans personnels du quartier en nous recommandant un établissement plutôt qu’un autre, et en nous ne faisant pas payer la place au port !


Pour terminer l’entrée administrative, il finit par retrouver son sérieux et nous demande de lui donner nos fusées de détresse, qu’il mettra sous clé durant la durée de notre séjour. Aux Bermudes, comme dans beaucoup d’autres pays, ces accessoires de détresse sont considérés comme une arme et ne peuvent pas être gardés à bord… Comme je les comprends !


Deux jours plus tard, l’écran du pilote reçu et remplacé aussitôt, la sortie administrative fût très décontractée et nous avons pu mettre le cap sur les Açores en effectuant une traversée de 11 jours vers Ponta Delgada, sur l’île de Sao Miguel.





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