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Nous avons percuté un OFNI en PLEINE NUIT

Photo du rédacteur: Jérôme DelireJérôme Delire

Extrait du Journal de Bord – ROXY -


18 novembre 2020


-0300 AM-


La nuit est fantastique !





Pratiquement pleine lune, l’Océan est bien formé depuis que nous nous sommes écartés de la zone de dévente de Gran Canaria et offre un tableau fabuleux ! La scène se passe bien entendu en noir et blanc. Enfin presque. Le noir se décline en mille et une teintes grises, le blanc étincelle et se joue des ombres, perspective fantasque ! Une vague sur trois déferle et l’ensemble n’en est rendu que plus dynamique ! Le bruit du vent dans les voiles, du vent sifflant dans les haubans, des vagues déferlant tantôt sur bâbord, tantôt sur l’autre bord. Il y a des rafales à 30kts, nous sommes encore sous deux ris, avec peu de toile à l’avant, plein grand largue évidement. Je me sens tellement bien ! Héééép, c’est parti ! La barre durcit légèrement, le bateau abat et nous dévalons la vague à plus de 15kts ! Quelle puissance et quel plaisir ! Tenir cette barre sans pression, savourer la légèreté de la main posée sur les contours de la roue. Cette énorme barre à roue développe une précision et une sensibilité impressionnante et me procure la plus grande énergie ! Benjamin, assis non loin de moi affiche un très large sourire sur le visage… Lui qui, fidèle à lui-même, n’était pas très expressif à terre est visiblement en pleine extase ! Cette énergie positive nous fait pousser des ailes, cumulée à l’excitation du départ, l’idée de pouvoir barrer tour à tour dans cette plaine de jeu à surfs nous ravis ! Benjamin, en qui j’ai toute confiance lorsqu’il est en charge du bateau, n’en est pas à sa première traversée non plus. Nous sommes tous trois à bord pour avaler des miles en version sportive et heureux de prendre enfin la direction de la Mer des Caraïbes.


-0315 AM-


CLONG ! Je suis toujours à la barre et pourtant,… bizarre. Un bruit, une sensation… pas normale. ROXY continue sa route, en puissance comme si rien ne l’arrêtait. Benjamin un peu assoupi vient de se réveiller et me lance un regard interrogatif en exclamant ;

« Qué passa ?! »

« ‘cune idée ! Tout ce que je sais, c’est que ce n’est pas normal ! » lui retorquais-je d’un ton concentré.


Intrigué, je mets le pilote, rejoint Caro dans sa couchette. Elle ne semble visiblement pas affectée par ce bruit étrange. Non sans tarder me vient à l’esprit de contrôler le tube de jaumière et sa mèche. Car s’il est évidemment un atout extraordinaire, le souci d’avoir une pelle de safran qui fait deux mètres de haut, c’est qu’elle est fort exposée aux impacts ! Comprenez que pour diriger un voilier, la partie immergée (pelle de safran) est connectée au bateau grâce à un axe (mèche de safran) qui passe dans un tube étanche (tube de jaumière). Cet axe est lui-même relié à un secteur de barre, sorte de petite plateforme où les câbles (drosses de barre) et la connexion du pilote automatique permettent de connecter la barre à roue du voilier au gouvernail. Plusieurs avaries sont possibles, la plus courante est la rupture des câbles de direction (drosses), entraînant la perte momentanée de la direction du bateau. Des systèmes à bord permettent de palier rapidement au problème comme par exemple l’utilisation du pilote automatique ou d’une barre franche de secours. On peut alors reprendre le contrôle et se diriger vers le port le plus proche afin d’effectuer les réparations. Ce qui arrive nettement moins souvent, est un choc causé sur la pelle de safran entraînant une fissure ou la rupture complète du tube. Ce qui est largement plus problématique car ce même tube est précisément créé pour faire une liaison étanche entre l’extérieur et l’intérieur du bateau. Lorsque le tube est fissuré, la voie d’eau est inévitable.


ROXY file sous pilote automatique, j’ouvre le coffre arrière et illumine à coups de lampe frontale l’intérieur. Je contemple avec horreur une légère fissure du tube laissant s’échapper quelques millilitres d’eau de mer…


Dans ce genre de situations, les décisions ne sont pas très compliquées et sont rapides. A bord, personne ne débat du sujet, nous sommes tous les trois bien conscients que faire demi-tour est la seule option à prendre compte tenu de la faible distance qui nous sépare de notre point de départ. Ce que nous faisons immédiatement. Voiles affalées, j’ai pris la décision de revenir sur nos pas, au moteur. Moins nous aurons de gîte et de puissance, moins d’efforts il y aura sur la pelle de safran. Las Palmas est le seul endroit facile et sérieux pour une réparation de ce genre. Nous sommes à 120Nm du sud de l’île et nous comprenons vite la chance que nous avons de n’être pas plus loin.

L’équipage levé, ROXY sur son nouveau cap, nous savons que les prochaines heures ne seront absolument pas confortables ! Si naviguer avec des rafales à 30kts au portant est agréable, revenir face aux éléments est une autre affaire… !

Pas le choix, la décision est prise et il me semble clair qu’elle soit la seule à prendre. Je rappelle les consignes de sécurité et d’évacuation à tout l’équipage, sait-on jamais ce qu’il peut arriver. J’en profite également pour descendre dans le coffre, contrôler l’ensemble de plus près. Pas de doute, nous avons bien heurté quelque chose. Et la fixation qui soutient la tête de la mèche a également été endommagée. Je place un peu d’époxy à prise rapide, sorte de produit miracle antifuites, semblable à de la plasticine bien graisseuse. Efficace.

Nous prenons les devants et contactons par Iridium nos amis Sylvie et Alexis restés à Las Palmas pour savoir s’ils peuvent déjà nous organiser une sortie d’eau. Dès notre arrivée, si le tube ne s’est pas brisé totalement entre temps, il faudra sortir ROXY hors de l’eau rapidement.


19 novembre 2019


-0100 PM-


Nous entrons dans la Marina. OUF ! La navigation n’a pas été des plus agréable. Fatigués, épuisés par le stress de cette voie d’eau, nous nous amarrons le long de la darse en face de la grue qui permettra de mettre les belles petites fesses de ROXY au sec. Quel soulagement d’être arrivés et que la flottabilité ne soit pas mise à mal ! Mille mercis à Sylvie et Alexis qui ont naturellement tout arrangé pour nous… C’est bon de se sentir épaulé dans ces moments-là ! Personne au chantier pour le moment… C’est la pause de midi, pour tout le monde.


10 décembre 2019


ROXY retrouve son élément naturel après 3 semaines de travaux. Notons tout de même le nettoyage au savon des sangles de la grue avant d’être placées délicatement contre la coque… Une super équipe de professionnels ! Il faut dire que j’avais sué quelques gouttes pour le polish !


Retrouvez notre article sur les travaux effectués dans :

« Comment remplacer un TUBE de JAUMIERE »




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