
Pendant quelques minutes, c’est amusant d’observer Tiki repousser les tentatives d’atterrissage des volatiles qui tournoient autour du bateau dans l’espoir d’y poser les pattes. Puis très vite, on se rend bien compte que ce n’est pas raisonnable…
Imaginons le félin sauter sauvagement en l’air toutes griffes dehors, avant de retomber rapidement… dans l’eau. Même si la scène prête à sourire, chassons vite cette image ! De plus, ces volatiles ont bien le droit à quelques heures de repos bien méritées !
Clic clac clouc : panneau de descente fermé, hublots verrouillés, carnivore domestique muselé.
Au moment où je termine l’opération le piaf atterrit sur le panneau solaire. Fuiiiit. Guano sur le pont et chaton sur le perron. Le duel du regard commence. Crouac crouac. Un deuxième, et bientôt un troisième oiseau arrivent rapidement dans le cockpit. Ça se bouscule, ça discute, afin de savoir qui bénéficiera du meilleur perchoir. Au quatrième spécimen, c’en est trop : Le chat explose. Et vas-y que je te chante du miaou à toutes les octaves, que je te balance une chorégraphie de jérémiades, le tout agrémenté de sauvages coups de griffes dans mon innocente petite porte transparente.
‘Commence à bien faire les canaris dehors. Mais au bout de 3 minutes, silence total. Le chat est dressé sur ses pattes arrière, les coussinets des pattes avant posés délicatement sur le vitrage, la tête tigrée allant de gauche à droite. Puis de droite à gauche. Le gras du bidou se balance au rythme des vagues, les yeux exorbités, les pupilles prêtes à éclater.
Je m’aligne furtivement derrière le chat… Mon regard passe entre les deux petites oreilles à l’affût, et je m’aperçois qu’il y a maintenant un total de 7 volatiles, dont un s’est posé sur la barre à roue. Perché sur le sommet du cercle, l’oiseau bouge au rythme des mouvements du pilote. Gauche, droite, un petit coup à gauche, un petit coup à droite. Et là j’imagine les nerfs de notre petit animal poilu. Un petit coup usés jusqu’à la corde, un petit coup au bord d’une déflagration monstre. La petite tête suivant la moindre oscillation, au bord d’une détonation nerveuse certaine.
9 minutes passent. J’en peux plus. Nous ne sommes plus qu’à quelques miles de l’Equateur, et l’habitacle ainsi verrouillé, j’ai l’impression que je pourrais facilement cuire un œuf sur mon dos. Pire, si je me fous du maïs sous les aisselles, il se pourrait bien que du pop-corn explose dans tout le bateau.
Seule option : ouvrir la malheureusement petite porte. A peine ais-je terminé : le chat me saute dessus, les volatiles décollent dans une frénésie à faire peur, et je me vautre dans le guano fraîchement dispersé partout dans le cockpit en rattrapant le chat.
C’est fou la merde dans laquelle on peut se trouver en n’oeuf minutes.
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