UA HUKA - îles Marquises.
Les endroits fabuleux se méritent...
Dans cette baie somptueuse, il n’y a pas beaucoup de place où poser l’ancre. Encerclés par les roches agressives où la houle vient se fracasser dans un rythme continu, éloignés de la plage et de ses dangers, la seule option raisonnable consiste à immerger l’ancre sur une bande de sable à plus de dix mètres de fond. Profiter de cet espace sablonneux, avant que les fonds plongent vertigineusement dans les abysses…
Ici la nature est brute. Inchangée depuis sa création.
Sur l’île de Ua Huka, la Terre des Hommes, première île des Marquises à avoir été habitée par l’être humain, les paysages sont d’une pureté inouïe. Et il est assez fabuleux d’imaginer que je vois vraisemblablement aujourd’hui le même paysage que ces aventuriers venus en pirogue il y a bien longtemps, à la conquête du Pacifique…
C’est ici que Thomas vient se ressourcer. Il est le seul infirmier de l’île (pour 700 habitants - pas de médecin ! - ), un personnage à lui tout seul.
Pétillant d’énergie, me disant d’un ton amusé lors de notre rencontre il y a quelques semaines ;
« J’adore mon boulot ! Tu sais ici c’est un peu comme Jérôme dans les Bronzés font du ski. De temps en temps, on m’amène un cochon sur ma table de soin pour que j’intervienne. Sauf qu’ici, c’est normal… !! » (il éclate de rire)
(Un vétérinaire passe furtivement une fois par mois sur l’île.)
« Tiens ! Voilà les clés de mon scooter ! Attends attends ! Je fais vite le plein d’essence parce qu’il n’y a pas de station de carburant sur l’île, histoire que vous ne deviez pas le pousser... »
La femme de Thomas l’appelle depuis le pas de la porte vingt mètres plus loin ;
« Quoiiii ? » répond-t-il d’un ton agacé.
Sa femme nous salue en faisant des grands signes et hausse le ton ;
« Une urgence au cabinet, viens ! »
« Ouais ouais, j’arrive. » hurle-il.
« Une urgence, une urgence… Encore un mec qui a couru pieds nus dans des barbelés en poursuivant une chèvre… ! » marmonne-t-il tout bas en remplissant le réservoir de carburant…
« Thomaaaaas ?!! » Insiste-t-elle…
« Je suis là ! » Il presse le pas vers son cabinet et se retourne vers nous brusquement ;
« Attends attends ! Tiens ! Prends cette clé, elle ouvre le petit musée près de l’aéroport. Y’a personne parce qu’il n’y a pas de touristes mais on s’en fout, ouvrez et visitez-le ! »
Evidemment, nous n’avions absolument rien demandé à Thomas… !
Nous étions venus de la part d’un ami sur l’île voisine pour effectuer un transport de pousses de vanille. Après ses heures à l’infirmerie, Thomas gère une petite plantation de vanille dont il céda volontiers quelques pousses à son ami pour lui permettre de commencer. Nous étions le petit trait d’union entre ces deux hommes qui se connaissent bien mais qui ont bien du mal à se voir car les liaisons inter-îles sont compliquées. Ici aux Marquises, « les amis de mes amis sont mes amis » est une phrase appliquée au quotidien… !
Cela étant, au détour du paysage de la baie, on le comprend. C’est un lieu d’une beauté inouïe et Thomas partage ce royaume entre amis ou en famille au milieu des chèvres et des milliers d’oiseaux.
30 minutes en bateau moteur lui permet de rallier cet endroit isolé (seulement accessible à une journée de cheval) en passant entre les îlots qui abrite une réserve naturelle classée par l’UNESCO.
What else ?!
Extraits du Journal de Bord ROXY :
Je pense que personne ne peut rester indifférent face à la beauté des lieux. Mais la beauté d’un paysage, c’est aussi le jeu extraordinaire de la lumière. Accentuant les zones d’ombres au détour d’un nuage, illuminant une partie seulement du tableau, tantôt à gauche, tantôt à droite, le paysage est en perpétuel mouvement. Cette roche qui était encore illuminée il y a peu, offre maintenant un contraste raffiné, et on n’en finit pas de s’extasier face à cette nature d’une rare beauté…
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