On a tendance à l’oublier mais la Guadeloupe est en réalité un archipel des Caraïbes regroupant plusieurs îles. L’île principale, en forme de papillon, est divisée en deux par la « rivière salée », un bras de mer abritant une mangrove spectaculaire.
Et même si Basse-Terre à l’Ouest et Grande-Terre à l’Est font partie de la même île, ces deux régions sont pourtant bien différentes. Grande-Terre est un peu le fief à touristes, hébergeant les plus beaux hôtels, le Club Med, un golf et les plus belles plages. Une région avec peu de relief, qui repose sur un substrat de calcaire et très souvent débordée de touristes en pleine saison.
Je trouve quant à moi que la région la plus intéressante et de loin la plus authentique se situe à Basse-Terre, la partie d’origine volcanique. Car contrairement à son nom, le relief de cette partie de l’île est très accidenté et abrite le plus haut sommet des Petites Antilles, la « Soufrière », un volcan en activité dont le sommet culmine à 1467 mètres.
Une randonnée extraordinaire mène au cratère, où l’on peut distinguer les fumerolles sortir de terre, avant d’offrir un paysage à couper le souffle pour ceux qui ont la chance d’entrevoir un point de vue en dehors de l’épaisse couche nuageuse qui règne souvent au sommet. Cette activité volcanique provoque d’ailleurs de nombreuses sources thermales où il fait bon se détendre !
Les Bains Jaunes à Saint-Claude en sont un bel exemple puisque l’eau jaillit des profondeurs à plus de 26°degrés à 950 mètres d’altitude !
Cela étant, la Guadeloupe est traversée par de nombreuses failles géologiques, et place ce département de France comme l’un des plus à risques en termes d’activités volcaniques et de séismes. En 2004, un séisme violent, 6,3 sur l’échelle de Richter, avait causé la mort d’une personne et provoqué de nombreux dégâts à Point-à-Pitre. N’oublions pas également que la Guadeloupe est située en pleine trajectoire des cyclones et leurs habitants ont été traumatisé à de nombreuses reprises au fil des siècles par le passage de cyclones meurtriers.
La végétation exceptionnelle de Basse-Terre, dû au taux d'humidité largement supérieur à partie Est de l'île, rend n’importe quelle randonnée intéressante.
Basse-Terre est aussi plus authentique, et fascine par son Histoire chargée. Une découverte récente permet d’affirmer que les premiers Hommes s’établissent sur l’île vers
3000 avant J-C.
L’Histoire moderne de la Guadeloupe commence par la découverte de l’île par Christophe Colomb en 1493, lors de son deuxième voyage aux Antilles. L’île est alors peuplée des Caraïbes, peuple d’origine amérindienne, depuis le 8ème siècle. Les Espagnols colonisent l’île pendant 130 ans, jusque 1635, année de l’arrivée des Français. S’en suit la traite des esclaves, comme partout aux Antilles après le massacre pur et simple de tous les habitants d’origine amérindienne.
J’ai lu ce livre « La blessure du nom » (Philippe Chanson), une anthropologie d’une séquelle de l’esclavage aux Antilles peu après l’abolition, et on peut peut-être mieux comprendre cette rancœur enfuie sur plusieurs générations, jusqu’à aujourd’hui. Ces êtres humains à qui il fallut subitement donner un nom et un prénom, pour les inscrire aux registres. Las de devoir inventer des noms, des mots, à longueur de journée, il est très probable que les officiels de l’époque en charge des registres, par manque d’inspiration, aient donné ces noms indignes et dégradants. Mr et Mme « Négro », « Têtenoire » ou encore « Têtedecon » ou « Animal »… Des noms que ces hommes et femmes devront porter sur plusieurs générations. Ces noms qui symbolisent tout, leurs droits, leurs existences aux yeux de la loi, les plaçant d’égal à égal avec « les blancs ». Ces noms de famille vont malheureusement se transmettre jusqu’à aujourd’hui. Accompagnant souvent une honte, une rancœur, des moqueries, bref un héritage qui ne permet pas vraiment de démarrer sainement dans la vie ! Bien sûr, beaucoup d’entre eux, ont demandé à en changer au fil des siècles mais la blessure est là. Toujours présente.
Au quotidien, spécialement à Basse-Terre, on ressent à de rares occasions une certaine « tension », un accueil pas toujours très agréable envers « les blancs », spécialement les « Franis ». Car chose surprenante, un peu comme en Martinique, lorsque nous expliquons que nous sommes Belges et pas Français, le regard change aussitôt… Comme si, parce que nous n’avons rien à voir avec les « colonisateurs », l’accueil est subitement amélioré. Etrange !
Pourtant, c’est bien à Basse-Terre que les trésors se trouvent ! La baie de Malendure et la réserve Cousteau, avec ce fameux restaurant perché sur le rocher surplombant la baie et les plages, un incontournable ! Boire un rhum et savourer un mahi-mahi avec les iguanes qui passent entre les tables… ! (Précisément là que j’ai demandé ma femme en mariage… !)
Le must, est de contempler le soleil couchant sur les « îlets Pigeon », avec vue sur votre voilier au mouillage. Le top !
La baie de Deshaies, au Nord, est un port d’entrée (ou de sortie, pratique lorsqu’on met le cap au Nord), et abrite un petit village adorable au cœur d’une baie splendide. Petites maisons en bois colorées, tout pour faire les courses, petits restos sympas, une escale très agréable.
Et au Sud, le petit port de Rivière-Sens a également beaucoup de charme sans parler de son mouillage face à cette petite plage de sable noir… Bref, Basse-Terre peut assurément occuper beaucoup de temps en ayant toujours l’impression qu’il sera impossible de tout voir tellement il y a de points d’intérêts !
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