Comment faire pour l’avitaillement en nourriture, en eau et en carburant dans ces lieux isolés ?
Comme pour les traversées océaniques, les longs convoyages ou les escales prolongées dans les lieux isolés, l’avitaillement en eau et en nourriture est une préoccupation importante.
Pour l’eau, ce n’est pas vraiment un problème. Nous disposons d’un déssalinisateur qui produit quotidiennement de l’eau potable et gardons à bord environ 50 litres en bouteilles scellées au cas où. (Environ 100 litres en bouteilles scellées lors des traversées océaniques et s’il le fallait vraiment, nous avons également un petit déssal de survie produisant mécaniquement 1L d’eau potable par heure, le modèle qu’utilise encore certains commandos de l’armée.)
Le seul problème est la gestion du stock d’eau potable si nous faisons escale dans un lieu où l’eau est très sale ou fort chargée en sédiments. Dans ce cas, le déssal ne tourne pas et nous devons vivre sur nos réserves.
Cela étant, nous prévoyons environ 3L d'eau potable par personne par jour. Ce qui comprend la boisson, les boissons chaudes et la cuisine.
La navigation au large impose de vivre en autonomie. Et à moins de posséder des unités de déssalinisation d'eau de grosses puissances (100L / heure et plus), il est capital de rationner l'eau douce du bord.
C'est pourquoi nous nous savonnons à l'eau de mer et nous consacrons une bouteille de 1,5L d'eau douce pour nous rincer. Les douches, la vaisselle, les lessives, sont des gros consommateurs d'eau douce et il faut souvent trouver le moyen de palier au problème.
Pour les douches, c'est tout vu. 1,5L d'eau douce par personne suffit. Pour la vaisselle et la lessive, c'est le même procédé. Le gros du lavage se fait à l'eau de mer, avec un rinçage rapide pour la vaisselle et un rinçage prolongé pour les textiles.
(Imbibés d'eau de mer, les textiles ne sèchent pas.)
Dans les régions tropicales (ou lorsque vous traversez l'Atlantique vers les Caraïbes par exemple) les grains sont un excellent apport d'eau douce ! Ainsi les meilleurs douches que vous pouvez savourer sont celles où vous saisissez votre gel douche à l'arrivée des premières trombes d'eau ! Un flux continu vous permet aisément de vous laver les cheveux...
C'est aussi l'occasion de récupérer l'eau que vous pouvez, ou de placer votre lessive au moment du grain...
Prévoir un avitaillement en eau et en vivres n’est pas évident.
Il faut faire une estimation du nombre de jours de voyage et du nombre de repas par jour. L’erreur la plus fréquente est de faire ce genre de calcul : il y a 2500 miles, je fais du 6 nœuds de moyenne donc je vais mettre 17 jours. …….….. Mais prévoyons pour 19.
Une traversée océanique est un voyage en plein désert dont il faut impérativement prévoir plusieurs cas de figures :
1. La distance. 2500 miles est une distance calculée en ligne directe, sans détour. Ce qu’on ne fait jamais dans la réalité. Il faut prévoir un pourcentage de route supplémentaire…
En général entre 5 et 10% d’allongement.
2. La moyenne. Ce n’est pas parce qu’on fait 6 nœuds de moyenne sur 4 jours (le plus souvent avec une bonne météo), qu’on fera 6 nœuds de moyenne sur 20 jours…
3. Une estimation du nombre de jours se fait dans un état d’esprit où tout va bien. Admettons qu’on subisse une avarie, comme par exemple un démâtage ; le nombre de jours sera considérablement rallongé…
Toute la difficulté est donc de calculer un avitaillement suffisant pour avoir une marge de manœuvre.
Prendre 50% de marge supplémentaire sur le temps de navigation estimé est un bon calcul.
Exemple : j’estime la traversée à 20 jours. Je prends une marge de 10 jours supplémentaires et prévoit donc mon avitaillement sur 30.
En général, lorsqu’on part à 4 sur un voilier de 12 mètres, on a largement la place pour stocker de la nourriture pour plus de 30 jours de mer !
Un avitaillement pour une longue navigation se fait rarement en une fois, l’idéal est de commencer à remplir les soutes en partant des produits « longues durées ».
Pour la nourriture longue durée ; facile. Il suffit de faire de très grosses courses en une seule fois, lorsque nous sommes dans une zone fréquentée. Souvent, nous préférons faire les courses pour 3 mois, pâtes, riz, conserves en tout genre, farine, levure, etc,…
Cette opération nous prend souvent une journée. Entre l’achat, le retour à bord et le stockage minutieux des denrées dans les soutes, cela prend du temps. Chaque denrée est séparée au maximum de son emballage d’origine, ce qui évite un encombrement d’ordures, du poids inutile et surtout certains nuisibles et indésirables qui se cachent parfois dans les emballages en carton. (Très souvent le cas sous les tropiques). La farine par exemple, sensible aux nuisibles et à l’humidité est stockée dans des contenants hermétiques. (Aux Caraïbes, il arrive parfois qu’un paquet de pâtes sur deux soit contaminé de nuisibles lors de l’achat. Imaginez ce que ça donne à bord quelques semaines plus tard si vous ne faites pas attention…)
A bord de ROXY, le petit truc consiste à marquer à l'indélébile le contenu de la boîte, ce qui permet de retrouver facilement ce que l'on veut, surtout lorsque les boîtes sont entassées verticalement !
Pour le frais, plusieurs solutions. Le frais allant au frigo est évidemment le plus rapidement consommé… Et quand il y en a plus, il y en a plus ! Il faut parfois attendre deux semaines ou plus avant de se réapprovisionner, s’il y a des produits disponibles. (En Polynésie par exemple, le moindre bout de fromage vient directement de France, par avion. Imaginez un instant le bilan carbone monstrueux de cet article, ainsi que son prix. Pour vous donner un exemple, le petit modèle d’un « Carpice des Dieux », vaut environ 10euros. Voilà pourquoi nous ne mangeons quasiment plus de frais, parce que la consommation de ce genre d’articles ici n’a aucun sens.)
Pour les fruits et légumes, les choux, les agrumes, les pommes de terre, les oignons et l’ail tiennent très longtemps (plusieurs semaines), les bananes aussi si on les sépare de leurs robes jaunes avant de les mettre au frigo dans un tupperware. (à l’inverse, on peut plonger les bananes dans l’eau de mer pour qu’elles murissent plus rapidement).
Pour le reste, la pêche et la cueillette sont un très bon apport en produits frais !
Cela étant, en voilier ce n’est pas toujours évident de faire un gros approvisionnement car nous ne sommes pas toujours à proximité de grandes surfaces et le plus souvent, on est à pied ! Il faut donc préalablement collecter des infos pour étudier le plan d’action !
-Regarde ! Si on se met à l’ancre dans cette baie, en dinghy nous ne sommes plus très loin du supermarché.
-Oui mais… Si on se met là, on peut joindre plus facilement celui-là à pied !
Suivant les zones visitées, les livraisons passent de « très simples » à « inexistantes ».
Aux îles Canaries par exemple, il est très facile de se faire livrer ses achats sur le ponton, devant son bateau ! Le tout gratuitement si le montant des achats dépasse un certain prix.
Le plus souvent, nous faisons nos courses en dinghy, en transports en commun ou en taxi.
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"Comment préparer une traversée Océanique"
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