18 janvier 2021 ; 15h30.
Bientôt 3 jours et demi que nous nous débattons dans les petits airs. Entre les grains et la brise bien timide, cette fois ; on y est. Les contours de la petite île de Raivavae se précisent lentement, comme un mirage qui devient peu à peu réalité en plein archipel des Australes.
J’ai été un peu optimiste sur ce coup-là. Moi qui avais prévu une arrivée en milieu d’après-midi, nous sommes encore à 40 miles de la passe. Hors de question de tenter quoique ce soit de nuit ; avec une cartographie incertaine et un éclairage hasardeux, il faudra attendre l’aube en mer…
Une attente de plus de 12 heures.
Caroline ne tarda pas à poser tendrement sa main sur mon épaule, une caresse dont j’avais compris les mots bien avant qu’elle ne les prononçât ;
« Et alors ? Ce n’est pas grave. On est bien en mer… Non ?! »
C’est vrai, je n’aurais pas mieux dit. On est si bien en mer…
D’autant que ces derniers jours l’Océan respire une houle si longue qu’elle nous fait penser à de vraies vallées. Aux champs de blé que l’on parcourt en vélo, aux vallées enneigées que l’on arpente à ski, une respiration si profonde qui confirme que nous nous sommes rapprochés des Mers du Sud.
Soudainement, l’idée vient.
« Et si on continuait jusque Rapa ? Il n’y a que 300 miles de plus… » dis-je.
Caroline ne tarde pas à rétorquer après un bref silence ;
« Bah ! Si la météo est OK, allons-y ! Ouvre SQUID, je vérifie si on a des instructions pour… comment tu dis… ? Rapa ?! »
J’adore. Simple et censé à la fois…
Une parfaite démonstration du « …et pourquoi pas ?! ».
Finalement, c’est ça voyager, non ?!
Sitôt dit, la connexion satellite nous offre les prévisions des prochains jours ; feu vert.
Cap sur Rapa, la plus méridionale des îles de Polynésie !
Si je ne me trompe pas, nous aurons la Croix du Sud en pleine ligne de mire cette nuit… Quoi de plus symbolique pour s’enfoncer encore d’avantage vers les trésors du Pacifique Sud.
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