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Arrêt forcé à DUBROVNIK

Photo du rédacteur: Jérôme DelireJérôme Delire

Une vingtaine de miles au Nord-Est du cap de Santa Maria de Leuca, au fond de la botte italienne, un bruit nous avait soudainement alerté. Un choc violent d’un objet sur le saildrive avait provoqué la casse de l’embase et rendu impossible l’utilisation du moteur.



Fort heureusement, pas de voie d’eau. Mais il nous restait tout de même 350 Nm à couvrir jusque notre destination finale.

Etant notre seule source d’énergie, le moteur continuait malgré tout de produire de l’électricité en le faisant monter dans les tours au point neutre.

Mais pour combien de temps encore… ?


- Bon, par mesure de précautions, on va devoir économiser au maximum l’énergie jusque l’arrivée.

- D’accord. Je vais couper le frigo.

- Oui, mais il va falloir faire mieux encore... Barrons un maximum pour minimiser l’utilisation du pilote.

Cela nous permettra d’avoir un peu de marge si les choses venaient à dégénérer.


Deux jours plus tard, les courbes du fjord de Dubrovnik se dessinaient lentement au loin. Et au fur et à mesure de notre approche, le soleil disparaissait vers l’horizon, créant une atmosphère des plus mystérieuses…

Nous avions eu du vent tout le long du Monténégro, puis il s’en était allé à peine entrés dans les eaux croates.

Le problème sans moteur, c’est qu’il nous faut du vent pour rester manœuvrant !

Et la difficulté dans les environs de Dubrovnik, ce sont les fonds qui plongent le plus souvent à plus de 30 mètres, tout contre la berge, rendant impossible toute tentative d’ancrage en cas d’urgence…


Avant d’émettre un PAN PAN à la radio, nous obtenons le numéro de téléphone de la société de sauvetage privée de la ville. Il est maintenant 19h et la nuit nous a enlacés de sa robe noire encre.

L’éclairage de la ville s’intensifie de minutes en minutes, et on ne reste pas indifférents face à la magie des lieux…


-Dubrovnik Rescue Team, Bonjour !

-Oui bonjour ! Désolé de vous déranger mais on a un petit souci…

-Ah ! Dites-moi tout !

-Nous sommes en train d’arriver dans le bassin principal mais nous n’avons plus de moteur. Et il n’y a plus de vent !


-Ok d’accord. Alors moi aussi j’ai un problème parce que, je serai ravi de pouvoir vous aider, mais mon bateau de sauvetage est hors de l’eau ! Vu que c’est l’hiver j’en ai profité pour faire le carénage !


-Ah merde. Euh…

-Ecoutez je vous rappelle, j’essaie de trouver une solution. Je vous rappelle c’est promis, ne vous inquiétez pas. Moi je m’appelle Lino.

-Ok merci beaucoup Lino ! On a besoin de toi !


Dans un silence troublant, notre voilier est pratiquement sur le point de s’immobiliser au centre de la baie principale… Il est maintenant 20h15 et nous n’avons toujours pas de nouvelles de notre interlocuteur. Profitant d’une risée hasardeuse, on se rapproche du quai le plus proche. C’est le gigantesque quai des ferrys et des bateaux de croisières. Un lieu sous haute protection. Coup de chance, je parviens à manœuvrer lentement entre les gros dumpers noirs du quai, me faufilant entre deux. Caroline, apercevant dans la pénombre quelques gardiens, lève les bras en l’air en agitant les bras de gauche à droite. (signal de détresse) Elle parvient à lancer une ligne et nous nous amarrons avant l’arrivée rapide des gardiens ;


-STOP ! Vous ne pouvez pas vous mettre ici !! Faites demi-tour immédiatement !


Lance un des gardiens.

Mais Caroline répond sans attendre la fin de sa phrase :

-Nous ne pouvons pas ! Nous avons un problème moteur ! Nous ne pouvons pas repartir !

L’homme visiblement scandalisé de cet affront, hausse le ton :

-Vous ne pouvez pas rester ici ! Le ferry arrive cette nuit, il a besoin de toute la place pour manœuvrer !

(Et à ce moment-là, coup de bol, le téléphone sonne. Il est 21h20.)


-Allô ? J’ai trouvé une solution pour vous, un ami de la Marina va venir avec un bateau moteur ! Vous êtes où exactement ?

-Vous tombez très bien ! Nous sommes sur le quai des ferrys mais nous avons des problèmes avec les gardiens !

-Bougez pas ! J’arrive ! Je suis là dans 2 min, je suis déjà sur le port !

-Ah génial ! merci beaucoup !


Lino arrive au bon moment. Encore quelques minutes et il nous aurait été difficile de continuer à parlementer avec ce gardien dont l’anglais et la diplomatie ne sont visiblement pas ses spécialités. Subitement, coups de klaxon et appels de phares : notre sauveur est à la grille et il finit par entrer dans la zone sécurisée. S’en suit une multitude d’explications. Parfois par sur un ton agréable. Et bientôt je dirais même : de plus en plus animé. Heureusement, Lino explique la situation et finit par nous dire (en tournant le dos au gardien) que son ami est en route. Il sera là d’une minute à l’autre.


-Ok ! Dès que mon ami arrive, on vous tracte tranquillement jusqu’au bassin dans la vieille ville. Ce n’est pas loin, environ 200 mètres. Une fois arrivés, vous pourrez rester autant de temps que vous le voulez.


Il n’a pas fallu attendre longtemps pour quitter le quai des ferry, mais il était tout de même 22h30 lorsque le voilier finit par s’amarrer sur le vieux quai en pierre, au pied de la ville historique de Dubrovnik. Sitôt arrivés, Lino propose de prendre un verre au centre-ville pour fêter le sauvetage et nous remettre de nos émotions.

Une chose est sûre, on en a pris plus d’un… !


Le lendemain à 6h du matin, nous étions à l’aéroport. Une vision pas banale, rien ni personne en vue. Désert. Pas même un agent de sécurité malgré les lieux ouverts au public.


36 heures plus tard, nous étions de nouveau aux Sables d’Olonne pour un autre voyage…




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